Lettre IV: La crainte de la mort (Sénèque, Lettres à Lucilius)
PHILOSOPHIE
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Table des matières: Lettres à Lucilius (Sénèque)
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Transformer son âme
Persévère dans ta voie, et hâte-toi de toutes tes forces pour jouir plus longtemps de l’heureuse transformation d’une âme rendue à la paix.
Ne pas craindre la mort
La mort vient à toi? Il faudrait la craindre, si elle pouvait séjourner en toi ; nécessairement ou elle n’arrive point, ou c’est un éclair qui passe.
Ne pas s’attacher à la vie
Nul ne saurait vivre en sécurité, s’il songe trop à vivre longtemps
Veux-tu que la vie te soit douce? Ne sois plus inquiet de la voir finir. La possession ne plaît qu’autant qu’on s’est préparé d’avance à la perte. Or quelle perte plus facile à souffrir que celle qui ne se regrette point?
Réaliser que nul n’est à l’abri du danger
Jamais la Fortune n’élève un homme tellement haut qu’elle ne le menace d’autant de maux qu’elle l’a mis à portée d’en faire
Défie-toi du calme présent : un instant bouleverse la mer: le même jour, là même où ils se jouaient, les vaisseaux s’engloutissent.
Songe qu’un brigand, qu’un ennemi te peut mettre l’épée sur la gorge, qu’à défaut des puissants de la terre, le dernier esclave a sur toi droit de vie et de mort. En effet, qui méprise sa vie est maître de la tienne
Marcher vers la mort
Du jour où tu es né, c’est à la mort que tu marches. Voilà quelle sorte de pensées il faut rouler dans son esprit, si l’on veut attendre en paix cette heure dernière dont la frayeur trouble toutes les autres.
Devenir riche par la pauvreté
C’est une grande fortune que la pauvreté réglée sur la loi de la nature.
On se procure aisément ce que la nature réclame : la chose est à notre portée; c’est pour le superflu que l’on sue.
Traduction de Joseph Baillard, partiellement revue et adaptée.